Le narrateur

Vous étiez trop jeune pour voir Vinsanity enjamber Frederic WEIS à Sidney, en 2000 ? Pas de soucis ! Ballin' vous a organisé une séance de rattrapage avec un témoin de la scène, Alain WEISZ, accessoirement coach de l'EDF au moment des faits.

A propos de Moustapha SONKO qu’il a coaché
« Moustapha SONKO est le contraire d’un joueur de playground. C’est à dire qu’il a commencé à apprendre dans les clubs à l’âge de 10 ans. Mouss habitait dans le XIXème arrondissement de Paris. Il y avait beaucoup d’africains qui adoraient le playground et puis il est allé jouer sur le playground mais Mouss a appris le basket dans les clubs. Il a commencé au PTT de Paris puis après à Sceaux. C’est vraiment le type même d’un gamin qui a appris le basket. Comme il aimait le playground, il est allé sur le playground et puis comme il était fort, et bien ça a été le roi du playground ! Mais sinon ce n’est pas le playground qui l’a amené au basket, c’est le contraire. »

Son avis sur la sélection des joueurs en équipe de France
« L’équipe de France c’est compliqué parce qu’il y a toujours des enjeux, toujours des joueurs qui prennent des casseroles, des joueurs qui sont protégés. On ne vous dit pas « Prend untel », ça ne se passe pas comme ça mais on vous dit « Bon, celui-là pour l’image de l’équipe de France ce n’est pas très bien, etc. ». Il faut avoir ses convictions, il faut résister et puis il faut faire des choix selon ce qu’on pense. S’il s’agit d’appliquer le choix des autres ça n’a pas de sens. Moi j’ai toujours fait ce que je pensais devoir faire pour avoir la meilleure équipe possible. Oh quelque fois ça a déplu ! Effectivement quand j’ai fait revenir Tariq ABDUL-WAHAD et Jérôme MOISO en équipe de France en 2003, ça a été un tollé mais j’ai tenu bon et finalement on a été quatrièmes du championnat d’Europe. A l’époque on nous a fusillés et puis on s’aperçoit qu’avant et après, on a jamais fait mieux dans un championnat d’Europe qualificatif pour les Jeux Olympiques. Alors finalement, peut-être qu’on s’apercevra qu’avec le temps qu’il faut les meilleurs joueurs en équipe de France pour espérer aller le plus loin possible. »

Le dunk de Vince CARTER sur Fred WEIS vécu du banc
« On était en train de faire une bonne prestation contre les USA. C’était le match de poule, le premier match car on a joué deux fois les USA. On jouait dans le Dôme, une salle plus petite de 8 ou 10 000 places mais pas 25 000. Tout t archi plein. Un moment donné on récupère la balle. On a une contre-attaque. BONNATO veut faire une passe dans le dos et là elle est interceptée par Vince CARTER. Fred WEIS était en retard. Il est grand, il fait 2m17 donc il n’avait pas compris qu’on était en contre-attaque. Il est resté sous son panier et il avait Vince CARTER qui arrivait droit devant lui. Là c’est lui qui le raconte, il dit qu’il est resté devant car il était sur que l’autre allait faire une faute offensive. Et puis il a fermé les yeux… Quand il a rouvert les yeux, il a vu une chaussure devant lui. Il s’est demandé ce que c’était cette chaussure. Il n’a pas compris que Vince CARTER lui était passé par-dessus la tête. Nous on était sur le banc, on était pétrifiés. On s’est regardés sans bouger et on a dit : « Aïe aïe aïe… Là ça va faire mal ». SCIARRA, qui lui était sur le terrain, a essayé de remettre en jeu tout de suite comme si rien ne s’était passé. Le problème c’était que dans le Dôme de Sidney il y avait une multitude d’écrans géants et que le dunk de Vince CARTER repassait en boucle jusqu’à la fin du match. Les gens ne regardaient plus ce qui se passait sur le terrain, ils regardaient ce qui se passait sur l’écran. Après l’effroi, parce que ça fait peur ce dunk de Vince CARTER, on s’est aperçu qu’on avait vécu un moment historique que seuls les Jeux olympiques peuvent donner. Comme le saut de FOSBURY, le saut de Bob BEAMON, là il y avait le saut de Vince CARTER au dessus de Fred WEIS. C’était incroyable. »